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vendredi 17 janvier 2025

Les Belgae, aux confins des mondes celtique et germanique

On a trop souvent tendance à l'ignorer, mais le petit royaume dit "de Belgique" actuel, qui n'est somme toute que de création relativement récente (1830), ne représente en fait que la moitié du territoire de la Belgique réelle.

La Belgique originelle, ou Gaule belgique, c'est en réalité tout l'espace compris entre la Seine et la Marne au sud, et le Rhin au nord-est. Elle est, à tous points de vue, un espace de transition entre les mondes celtique et germanique.

 

Ces deux cartes restituent fidèlement l'intégralité de cette Belgique originelle, et permet en outre d'y localiser l'implantation des différents peuples belges :



 La Gaule belgique 


(Précisions : sur la seconde carte ci-dessus, le "Belgium" est le nom de la province sud-ouest de la Belgique, correspondant en gros aux département de l'Oise et de la Somme de la Picardie actuelle. Au sud-est, le nom de "Germani" n'est pas à confondre avec la Germanie proprement dite située au-delà du Rhin : il désigne ici les Germains qui peuplaient alors cette portion du territoire belge.)


Il convient d'ajouter qu'en fonction des auteurs, l'étendue du territoire de la Gaule belgique peut varier, aisi qu'en témoigne la carte suivante, sur laquelle il apparait colorisé en orange : 





Germains celtisés et Celtes germanisés

 

Voyons à présent ce qu'écrit Jules César à propos des Belges dans ses fameux Commentaires sur la Guerre des Gaules :

 

"La plupart des Belges sont issus des Germains ; ils avaient autrefois passé le Rhin, et s'étaient fixés en ces lieux à cause de la fertilité du sol, après en avoir chassé les habitants gaulois."

 

En outre, il précise :

 

"Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l'une est habitée par les Belges, l'autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue, se nomment Celtes, et dans la nôtre, Gaulois. Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les institutions et les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. Les Belges sont les plus braves de tous ces peuples, parce qu'ils restent tout à fait étrangers à la politesse et à la civilisation de la province romaine, et que les marchands, allant rarement chez eux, ne leur portent point ce qui contribue à énerver le courage : d'ailleurs, voisins des Germains qui habitent au-delà du Rhin, ils sont continuellement en guerre avec eux."

 

Comme César l'avait bien noté, il est donc manifeste que la Belgique constitue une zone spécifique depuis la plus haute antiquité, dont l'identité ethno-culturelle est celto-germanique, donc ni totalement celtique ni totalement germanique, mais les deux à la fois. Les peuples belges étaient donc constitués de Germains celtisés et de Celtes germanisés, les deux composantes étant chez eux si étroitement imbriquées qu'il est souvent difficile de les distinguer l'une de l'autre... 

Les sources se rapportant spécifiquement à ces peuples germano-celtiques de la Gaule Belgique sont hélas assez rares. Néanmoins, il est tout à fait légitime de supposer chez eux un étroit syncrétisme non seulement sur les plans culturel, artistique, sociétal etc, mais aussi dans le domaine spirituel, où le Paganisme celtique s'est très certainement mêlé au Paganisme germanique, donnant ainsi naissance à une Tradition religieuse spécifique. Nous avons donc là un exemple tout à fait exceptionnel de symbiose entre germanité et celticité.

Il est ici nécessaire de faire justice une bonne fois pour toutes d'un mythe négationniste entretenu et colporté depuis trop longtemps par les Etats modernes français et surtout belge, consistant à réduire l'histoire de la Belgique ancienne - et donc des Belgae - uniquement à "la Gaule" et à sa nature exclusivement gauloise, puis "gallo-romaine", pour mieux marquer l'opposition voire l'antagonisme avec le monde germanique. Faisons donc ici profession de nous inscrire en faux contre de telles assertions qui, pour des motifs inavoués d'ordre idéologique, maintiennent le grand public dans l'ignorance en mentant sciemment par omission :  non, mille fois non, les Belgae (peuples de la Gaule belgique, comprise entre Seine, Marne et Rhin) n'étaient pas juste "des Gaulois" parmi les autres. Ce n'étaient pas juste "des Celtes" indifférenciés, mais un ensemble de peuples aux particularismes affirmés, constituant un trait d'union entre mondes celtique et germanique. En témoignent notamment leurs spécificités linguistiques respectives. Pour ceux qui en douteraient, reproduisons donc ci-dessous cette liste, tirée de Wikipédia  :


Et ce, sans même évoquer les cas d'inter-influences culturelles (Germains celtisés et Celtes germanisés), lesquelles complexifient les choses.  

titre d'exemple, on évitera soigneusement d'évoquer le fait que les Éburons étaient de langue germanique, et donc qu'ils en étaient plus que probablement d'origine...

Ou encore que les Trévires - assimilés aux Belgae -, étaient certes réputés dans toutes les Gaules et même dans le monde romain pour la qualité de leurs chevaux, dans l'élevage desqueld ils s'étaient fait une spécialité, mais on se gardera bien de rappeler que lesdits Trévires, tout celtisés qu'ils soient, étaient en réalité d'origine... germanique ! etc etc. Les exemples sont légion.  




Un ensemble de peuples qui a profondément marqué la région

 

Au delà de l'image  fort sympathique  mais caricaturale -et souvent anachronique- qu'évoque dans l'esprit du grand public la fameuse bande dessinée "Astérix chez les Belges" , il faut bien se figurer que ces derniers représentent un ensemble de peuples fondateurs ayant marqué de façon indélébile l'ensemble des territoires qui constituent aujourd'hui tant le Royaume de Belgique que la France septentrionale,  du nord de la Seine jusqu'à l'ouest du Rhin. 

Parmi les peuples belges les plus marquants de l'actuel "nord de la France", Picardie et Nord-Pas de Calais, citons notamment, les Bellovaques, dont le nom a donné celui de Beauvais, leur ancien oppidum, les Ambiens (Amiens), les Suessions (Soissons), ou encore les Atrébates, qui ont donné leur nom à Arras (en flamand Atrecht), et qui sont même peut-être à l'origine du nom de l'Artois (à vérifier). Pour l'actuel Royaume de Belgique, on songera bien entendu aux célèbres Nerviens et Ménapiens, auxquels sont parfois identifiés respectivement, de façon quelque peu hâtive, les actuels Wallons et Flamands. Mais on pourrait tout aussi bien mentionner d'autres peuplades majeures telles que les Eburons, dont le territoire se situait dans l'actuelle province de Liège, ou encore les prestigieux Aduatuques, établis dans ce qui est aujourd'hui l'Ardenne.

Enfin, au niveau des grandes figures historiques signalons entre autres les chefs belges Ambiorix et  Catuvolcos (dont le nom signifie "Loup de Guerre"), tous deux co-rois deac Éburons, Commios, rois des Atrébates, ainsi que le chef bellovaque Correos (ou Correus dans sa forme latinisée, voire Korreos, véritable "Vercingétorix belge" qui a donné beaucoup de fil à retordre aux envahisseurs romains, en poursuivant une résistance acharnée après la défaite d'Alésia, à la tête d'une coalition de peuples belges. Ce Correos a particulièrement marqué César, qui y fait allusion à plusieurs reprises dans sa "Guerre des Gaules".



La mort de Corréus (Correos/Korreos),
gravure de D. Maillart, XIXème siècle


Monnaie belge antique :
Denier des Atrébates datant du Ier siècle avant l'ère chrétienne,
et frappé au nom de Commios.




Statue d'Ambiorix, co-roi des Éburons, à Tongres (Tongeren en flamand)



POUR ALLER PLUS LOIN


Cette brève présentation aura peut-être -du moins convient-il de l'espérer- su éveiller l'intérêt du lecteur ou de la lectrice pour les traces historiques, archéologiques, ethnologiques, linguistiques et toponymiques léguées par l'ensemble de ces peuples, qui ont tant contribué à forger un certain nombre de particularismes encore observables de nos jours, et qui ont ainsi grandement contribué à donner au Royaume de Belgique et à la France du nord et du nord-est une identité ethno-culturelle spécifique, tout à fait distincte du monde gaulois pris dans son ensemble.

 

Pour quelques précisions complémentaires, vous pourrez par exemple consulter la fiche Wikipedia relative aux anciens Belges :  

Voir aussi la liste des peuples de la Gaule Belgique :


Les livres et autres sources littéraires spécifiquement consacrés aux Belgae constituent hélas une denrée rare dans le contexte actuel, surtout lorsqu'il est question d'ouvrages de vulgarisation à destination du grand public.

Néanmoins, et de façon bien entendu non exhaustive, signalons entre autres le livre d'Eugène Warmenbol La Belgique gauloise : Mythes et archéologies, paru en 2010 aux Editions Racine, et qui traite plus spécifiquement des représentations symboliques de ce passé national, ainsi que de leur instrumentalisation par les autorités belges entre 1830 et la première moitié du XXème siècle, à travers les arts, l'architecture, les mythes fondateurs du pays etc. Ce livre illustre de façon détaillée la manière dont les autorités de cet Etat ont fait usage immodéré, dès 1830, d'une certaine propagande visant à tout prix à se démarquer du voisin germanique... 



Enfin, je ne saurais conclure cet article sans renvoyer le lecteur à Ces Belges les plus braves - Histoire de la Belgique gauloise, d'Ugo Janssens. Celui-ci retrace l'épopée passionnante de nos ancêtres Celtes (en général) et de la Gaule belgique (en particulier). Contrairement à trop d'autres auteurs et chercheurs belges comme français, Ugo Janssens a le bon goût de ne pas passer la spécificité celto-germanique (ou germanico-celte) des Belgae sous silence, mais bien au contraire de la souligner. Une lecture très vivement recommandée, donc.




Présentation par l'éditeur :

" Best-seller dans son édition originale, cet ouvrage raconte l'épopée de ces Belges appelés par Jules César "les plus braves de tous les peuples de la Gaule". L'auteur suit l'itinéraire de leurs ancêtres celtes, depuis l'Asie centrale jusqu'aux rives de la mer du Nord et de la Manche. Il relate comment les Belges pénétrèrent jusqu'au sud de l'Angleterre, où ils fondèrent Londres, comment ils abordèrent les côtes occidentales de l'Irlande et prirent possession de la région qui s'étend entre le Rhin et la Seine. L'ouvrage passe au crible la version de "la guerre des Gaules" par César et en rétablit la vérité historique. Il décrit la vie quotidienne des Éburons, des Nerviens, des Ménapiens, des Ambiens, des Morins et d'autres peuplades moins connues, comme les Suessions, les Condruzes et les Aduatiques. Ce faisant, il met en lumière les découvertes celtiques que sont entre autres le char, le fût en bois, les carreaux écossais, les cosmétiques et le savon; il se penche sur la mythologie et les dieux qui peuplaient nos forêts, nos fagnes et notre littoral, s'attache à la condition et au monde de la femme où primait la beauté, et décrypte le rôle des druides et des druidesses.

Cet ouvrage aussi captivant qu'innovant n'aurait pu être écrit sans l'apport considérable de la recherche archéologique et historique la plus récente. "

Editions Racine, 2008, 256p



On pourra toutefois regretter que ces deux livres soient épuisés, et qu'ils ne figurent pas sur la page internet de l'éditeur, comme celui-ci avaient cherché à en gommer toute trace... (Auto)Censure ?. Quoi qu'il en soit, voilà qui est tout aussi étrange que regrettable. A quand de salutaires rééditions, qui permettraient enfin de redonner au public à des ouvrages exceptionnels - notamment à celui d'Ugo Janssens ? C'est, en tout cas, à souhaiter.

Hans CANY





mardi 30 juillet 2024

Pour un (néo)paganisme LIBRE

Vous croyez que je n'en ai qu'après les puériles illuminations des trois Religions du Désert ? Détrompez-vous. 

J'emmerde les sectes néodruidiques, les hiérarchies "sacerdotales" et autres "confréries initiatiques" à deux balles, les béni-oui-oui de toutes chapelles, les fous furieux intégristes, les excités fanatiques, les je-sais-tout dogmatiques, les crypto francs-macs, les irlandocentristes "universitaires" prétentieux, bornés et hautains, les wannabes "vikings" version Netflix, les "reconstructionnistes" façon Playmobil grandeur nature, les hystéro-féministes wiccanes à la sauce gaucho-wokiste états-unienne, les pseudo-"chamans" mais vrais escrocs ultra-vénaux, les syncrétistes farfelus, les occultistes frappadingues et autres zozotéristes new-ageux de tous poils. Et j'en oublie sûrement encore d'autres catégories dans le lot...

Je ne suis même pas un "sorcier" ou un "néo-païen" "de marge", comme se plaisent à s'auto-étiqueter certains. Ma seule velléité, c'est de cheminer spirituellement seul et de déterminer par moi-même ce qui m'apparait juste ou non, guidé en premier lieu par mes propres préceptes moraux, mes propres conceptions métaphysiques et mes propres intuitions. Tout simplement. 

Ce qu'ont pu croire ou faire de lointains aïeux, tout comme ce que peuvent croire ou faire d'autres cheminants contemporains ne peut m'intéresser qu'à titre documentaire, historique, archéologique ou en tant qu'éventuelles pistes de réflexion. Le reste, je n'en ai cure, car je ne m'en remettrai toujours qu'à mes propres vérités et conceptions intérieures. Ce qu'ont pu faire ou croire de lointains ancêtres peut tout aussi bien relever de conceptions justes que d'inepties voire d'usages anachroniques et éthiquement inacceptables. Aucun dogme figé ne me forcera donc à les singer, ni même à m'y conformer si je ne les juge pas conformes à mes propres valeurs ni à ma loi intérieure. Aucune "historicité" (soi-disant) attestée  ne me convaincra du bien-fondé de telle ou telle pratique ou de telle ou telle croyance anciennes. Je me réserve en toute modestie le soin d'en juger par moi-même, selon qu'elles m'apparaissent fondées, justifiées, obsolètes voire acceptables ou non. Une spiritualité certes ancienne, mais adaptée à des temps nouveaux : tel a toujours été mon propre credo.

Du reste, "mon" paganisme se veut avant tout cosmique, métaphysique, moral et intellectuel. Je n'interprète pas les mythes anciens sous forme de belles histoires à prendre à la lettre, préférant m'en remettre à un décryptage symboliste et  herméneutique desdits mythes, bien plus profond et riche d'enseignements selon moi. Après, libre à chacun de suivre la voie qui lui apparaîtra la plus pertinente, et surtout la plus appropriée à sa façon d'être comme à son mode de pensée. Loin de moi toute forme de prosélytisme, comme toute intention intention de convaincre quiconque de la justesse d'une démarche qui, somme toute, ne relève que de mes propres choix en la matière.

A mon sens, il existe presque autant  de conceptions du (néo)paganisme qu'il existe de (néo)païens libres et assumés, et je n'ai nulle prétention d'imposer la mienne comme étant plus "juste" ou plus "vraie" que d'autres. Tout comme, inversement, je dénie à quiconque le droit de chercher à m'imposer les siennes en lieu et place des miennes, au non de je ne sais quelle "Vérité" plus ou moins fantasmée, idéalisée ou stéréotypée.

Hans CANY





dimanche 4 février 2024

Ethique du néo-paganisme [par Pierre de la Crau]

  Le néo-paganisme est la seule vraie religion, au sens étymologique du terme (religare, relier, relier les hommes au sur-humain, au cosmique, comme dans le yoga) de la civilisation occidentale.

C'est une foi qui associe l'éthique élevée des anciens peuples indo-européens aux plus nobles idéaux de la société européenne, le dernier rempart qui nous protège des idéologies hostiles à notre culture. Pour les combattre, nous avons ce néo-paganisme, une foi qui est ressortie comme neuve des épreuves, mais qui reste solidement enracinée dans l'éthique du temps de nos ancêtres spirituels, les druides, les Germains, les Latins, les Grecs et tous les autres peuples de la Mer. C'est une Métaphysique et une Mystique occidentale faite par les Occidentaux et pour les Occidentaux, ou ceux qui sont de leur race d'esprit.

Cette religion, pour nous relier au Cosmos, est basée sur l'harmonie avec la Nature, notre Mère à tous, le respect de chaque race (quel que soit le nom qu'on lui donne) et de chaque culture (ethno-différentialisme). c'est une religion qui insiste sur le courage et la fierté, l'honnêteté et la loyauté, l'effort personnel et la coopération. Les néo-païens celtiques - ou autres - croient qu'une révolution spirituelle est nécessaire pour arrêter la décadence, cancer du monde européen d'aujourd'hui.

Un néo-païen n'est pas un réformiste. C'est un révolutionnaire spirituel !
Il ne doit pas chercher à reconstruire une religion épuisée mais à en construire une nouvelle, plus essentielle, plus dynamique. Être néo-païen signifie être membre d'une communauté unique, unie dans sa diversité. Une communauté d'hommes et de femmes unis par des idéaux communs et luttant pour un même but, la procréation d'une société dans laquelle la civilisation et la culture puissent croître et s'élever encore plus haut, toujours plus haut.

Le néo-paganisme n'est pas une foi pour toute l'humanité. Nous croyons profondément qu'une religion, pour être fonctionnelle, doit s'harmoniser avec les caractéristiques intellectuelles et culturelles des siens. Mais il s'agit d'une race spirituelle, d'une race de l'esprit, qui peut être indépendante de la couleur de la peau. Il y a des Indo-Européens de coeur. 

C'est pourquoi notre foi est conçue en règle générale comme la métaphysique et la Mystique de l'Occident, du Grand Occident et de personne d'autre. Nos principes sont sans détours, sans mystère défiant la logique.

Voici nos dix commandements :

1/ Chaque néo-païen doit être frère ou ami, au moins de tout autre néo-païen.
2/ Dis toujours la vérité sauf si ta vie est vraiment en danger.
3/ Si tu fais un serment ou une promesse tiens-les, quoi que ça puisse te coûter.
4/ Va en toute chose vers le plus grand, le plus fort et le plus beau.
5/ Essaie constamment de perfectionner les capacités de ton corps et surtout de ton esprit (intelligence et âme).
6/ Essaie dans toutes tes actions de renforcer la fraternité entre les frères.
7/ Vis en harmonie avec la nature et obéis à ses lois si tu ne peux pas les dépasser.
8/ Sois bien conscient de ton héritage, et transmets ses valeurs à tes enfants.
9/ Combats l'injustice sous toutes ses formes et quel que soit son déguisement.
10/ Respecte et tolère les dieux et les cultes les plus divers, mais n'oublie jamais que le polythéisme non vulgaire n'est jamais qu'un monothéisme multiforme et panthée.

On peut commenter de diverses façons ce texte, intéressant à plus d'un titre, du moins nous l'espérons pour nos lecteurs. Les peuples dont parle Morvan Lebesque dans son livre (Comment peut-on être breton ?) connaissaient la notion de faute contre l'éthique mais ignoraient celle de péché (violation de la Loi édictée par un Dieu unique et punissable dans l'au-delà après la mort, éternellement). Le sens éthique de ces "païens" était autrement plus exigeant que celui de nos chrétiens de gauche qui s'absolvent presqu'à l'avance de toute faute ou de toute responsabilité, comme "Saint Paul" qui déclarait "Je ne fais pas le Bien que je veux , et je fais le Mal que je ne veux pas". Autrement dit : c'est pas ma faute ! Facile à dire.

Les païens, eux, pouvaient être rongés toute leur vie par le remord en cas de faute grave contre l'éthique ou en cas de grave responsabilité dans une quelconque affaire. Le catholique, lui, va se confesser, la peur au ventre, se repent fermement, et sort absous de tout péché (prêt à recommencer !). Facile, un tel manque de responsabilité. Le sens des responsabilités, voilà ce qui différencie un païen d'un judéo-islamo-chrétien.

La religion catholique n'est sévère qu'en apparence. En fait, elle pardonne tout... pourvu qu'on fasse appel à ses prêtres. On voit tout de suite à qui peut profiter un tel système d'indulgence rendant indispensable la caste sacerdotale. Mais l'homme qui a une éthique vraiment exigeante ne doit pas pouvoir s'absoudre comme ça. Ce serait trop facile !

Pierre de la Crau (Druide Hésunertus /|\)
[Le Nouveau Testament païen, Cahiers de "La Bretagne réelle", printemps 1986]





lundi 31 juillet 2023

Les noms des jours de la semaine : un héritage païen

Avez-vous déjà noté les étonnantes similitudes et correspondances symboliques entre les noms que portent les jours de la semaine dans les différentes langues européennes ? Au-delà des évidentes parentés entre les langues de souche germanique (comme par exemple l'anglais et l'allemand), force est de constater, à quelques exceptions près, leurs remarquables concordances sur le plan symbolique, non seulement de par les noms des planètes auxquelles chaque jour fait référence, mais également et surtout de par les divinités et leurs attributions qui y sont associées.

Pour ne prendre qu'un exemple très simple, examinons de plus près les correspondances de ces noms entre trois langues européennes bien connues, le français, l'anglais, et l'allemand :


Français : Lundi ("Jour de la Lune")

Anglais : Monday ("Jour de la Lune")

Allemand : Montag ("Jour de la Lune")


Français : Mardi ("Jour de Mars", dieu de la guerre)

Anglais : Tuesday ("Jour de Tyr", dieu de la guerre)

Allemand : Dienstag ("jour de Thincsus", dieu de la guerre)


Français : Mercredi ("Jour de Mercure")

Anglais : Wednesday (Woden's Day, "Jour de Woden" => correspondance Mercure-Woden/Wodan/Wotan/Odhinn/Odin)

Allemand : Mittwoch ("Milieu de la semaine" => sans correspondance)


Français : Jeudi ("Jour de Jupiter", dieu de la foudre)

Anglais : Thursday ("Jour de Thor", dieu de la foudre)

Allemand : Donnerstag ("Jour de Donar/Thor", dieu de la foudre)


Français : Vendredi ("Jour de Venus", déesse de l'amour)

Anglais : Friday ("Jour de Freya", déesse de l'amour)

Allemand : Freitag ("Jour de Freya", déesse de l'amour)


Français : Samedi ("Jour de Saturne")

Anglais : Saturday ("Jour de Saturne")

Allemand : Samstag ("Jour de Saturne")


Français : Dimanche ("Dominus Dies", interprétation chrétienne tardive où le Dieu biblique remplace le Dieu Soleil)

Anglais : Sunday ("Jour du Soleil")

Allemand : Sonntag ("Jour du Soleil")


Loin d'être le fruit de coïncidences liées aux hasards de l'évolution linguistique, ce fait en apparence anodin ne l'est pas du tout, puisqu'il illustre non seulement la pérennité des symboles mythologiques païens jusqu'à l'époque actuelle , mais aussi et surtout les étroites affinités spirituelles et culturelles ayant persisté de tout temps entre les divers peuples apparentés par l'indo-européanité (quelles que soient les branches auxquelles se rattachent leurs langues respectives : germaniques, latines, celtiques, etc).

Hans CANY


Ci-dessous : Semainier gallo-romain de Trèves, Allemagne.
On y reconnait les divinités associées aux jours successifs de la semaine :Saturne (Samedi), Helios/Apollon/Sol (Dimanche), Luna/Diane (Lundi), Mars (Mardi), Mercure (Mercredi). Les petits trous situés sous chaque divinité servaient à planter des bâtonnets indicateurs.



dimanche 20 novembre 2022

Celtes d'Ukraine ?

"UKRAINE CELTIQUE" : NÉCESSAIRE MISE AU POINT

S'il semble historiquement attesté que certaines portions (a priori exiguës) de ce qui devint bien plus tard le territoire ukrainien ont jadis pu être terres celtes pendant un temps - ce que nul ne saurait contester sérieusement à la lumière des découvertes effectuées in situ , il importe toutefois de préciser que tel n'est plus du tout le cas depuis au moins quinze siècles voire plus, le substrat ethnique scythe, puis les superstrats successifs khazar, varègue et surtout slave y ayant balayé la moindre trace de celticité depuis belle lurette. La population actuelle de l'Ukraine n'a donc absolument aucun lien avec celle des temps celtiques, et il convient donc pour le moins de cesser de fantasmer à ce sujet. N'en déplaise à certains, l' "Ukraine celtique", appellation d'ailleurs anachronique (et donc très discutable) du fait que la notion même d'Ukraine n'existait tout simplement pas à l'époque de la présence des Celtes dans cette région, ne relève plus de nos jours que de l'histoire ancienne et de l'archéologie. En guise de conclusion, on retiendra donc qu'au-delà des exaltations partisanes de tous ordres, l'héritage "celtique" de l'Ukraine contemporaine reste somme toute à relativiser.

Hans Cany



samedi 19 mars 2022

Satios ou Alban Eilir, l'équinoxe de printemps

 


L'équinoxe de printemps est couramment désigné de deux façons dans la tradition druidique contemporaine :

. Satios, "les semailles", en langue celtique continentale ancienne

. Alban Eilir, "la lumière de la Terre", en langue galloise

Il ne doit pas être confondu avec la célébration germanique d'Ostara, autre fête printanière récupérée par l'Eglise chrétienne sous le nom de Pâques (=> allemand : Ostern, anglais : Easter etc), et dont la date est comme pour ces dernières fixée chaque année en fonction de la première pleine lune suivant l'équinoxe.

Hans Cany

mardi 22 février 2022

Être païen dans le monde moderne

 Je suis intimement persuadé qu’être païen aujourd’hui implique inévitablement l’adoption d’un univers mental s’inscrivant en rupture totale avec la société actuelle, dans ses pompes et ses (mauvaises) œuvres ; le païen actuel doit faire sienne l’idée que le monde où il réside n’est pas le sien, mais celui des autres, de ses adversaires, et que ses intérêts et ses valeurs, réprouvés et combattus par ce monde étranger, sont incompatibles avec ceux de ce dernier. Deux voies s’ouvrent alors : soit « l’exil intérieur », être un « convive de marbre » assistant à un banquet auquel on est contraint d’être présent, ce qui conduit à la marginalisation, soit « accepter » le monde, tout en ne le reconnaissant pas comme valable et légitime, pour y agir selon nos valeurs. En d’autres termes, il s’agit d’être « dans » le monde, mais non « du » monde. 

Bernard Marillier


lundi 31 janvier 2022

Joyeuse fête d'Ambiuolcios / Imbolc

 PAÏENS & FIERS
vous souhaite une très belle célébration d'Ambiuolcios, fête des Lustrations souvent appelée Imbolc, son nom irlandais.

Pour en savoir plus : Imbolc, fête de purification



samedi 29 janvier 2022

POUR UNE SPIRITUALITÉ SANS DOGMES... NI "MAÎTRES A PENSER"

 Au diable les gourous, chamanes, druides, évêques, instructeurs, sorciers, coachs, enseignants et autres maîtres à penser ! Au diable les margoulins, escrocs rusés, petits malins, arnaqueurs, bonimenteurs, menteurs professionnels et autres marchands de tapis qui vendraient leur propre mère ! Au diable ces crétins pathétiques et ces pouffiasses prétentieuses qui se prennent pour de grands initiés, mages, sages, prêtres ou prêtresses, illuminés ou éveillés ! Ils/elles ne brassent que du vent et vous font prendre des vessies pour des lanternes ! 

Je crois de tout mon être à la réalité de l'auto-initiation. Seules votre propre expérience vécue et votre intime intuition sont capables de vous guider et de vous éveiller. Tout le reste est pipeau, baratin, blabla, hypnose, lavage de cerveau, minables suggestions, prises de tête inutiles et stériles ! 

Soyez votre propre maître ! Ne croyez qu'en vous-même ! Fuyez comme la peste tous ceux qui prétendent penser à votre place et vous tiennent la queue pour pisser droit !

Fuyez tous ces gourous, vampires, bourreaux, manipulateurs sadiques et pervers narcissiques ! Envoyez-les au diable ! Ou à la vacuité dont ils n'auraient jamais dû sortir ! 

. Druide Sagos /|\ 


lundi 24 janvier 2022

Velléda, héroïne celto-germanique de la résistance à l'invasion romaine

 La mythique prêtresse Velléda, dont l'existence historique est attestée, était-elle celte ou germanique ? Sans doute les deux à la fois, et à vrai dire cela n'importe guère, dans la mesure où elle est restée tant pour les descendants des Gaulois que pour ceux des anciens Germains un véritable symbole de la résistance à l'envahisseur latin.

Portant un nom gaulois signifiant "voyante", elle était de la nation des Bructères, peuple germanique établi sur le territoire de l'actuelle Westphalie. Son cas illustre bien la grande proximité qui pouvait exister à l'époque entre deux mondes ethnoculturels étroitement apparentés, à tel point qu'il n'est aujourd'hui encore pas toujours aisé de les distinguer clairement. 

A l'époque romantique, l'écrivain François-René de Chateaubriand s'inspira du personnage et en reprit le nom dans son épopée
Les Martyrs, déplaçant toutefois le contexte géographique et distordant quelque peu la réalité historique pour en faire l'une des druidesses de l'île de Sein...

Hans Cany


"Velléda, druidesse de l'île de Sein" [sic],
aquarelle gouachée sur trait de crayon datée de 1853,
par le peintre français Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898)


mardi 21 décembre 2021

La Tour de Yule

 Que la Lumière renaisse !

La Tour de Jul (Yule) est un chandelier de Noël caractéristique de la tradition païenne germano-nordique. Réalisé en terre cuite, en argile ou en céramique, il comprend quatre faces ajourées ornées de coeurs, de roues solaires et de symboles runiques. Ont y fait se consumer deux bougies, l'une à son sommet, et l'autre à l'intérieur. Les origines de cet objet rituel remontent au Haut Moyen-Âge, et son usage était encore courant dans les campagnes allemandes et scandinaves du XIXème siècle.

Hans Cany




lundi 20 décembre 2021

Yule : Rituel des trois bougies

 


Dans certaines régions d'Europe de tradition germano-nordique, le réveillon de Yule/Noël débute par un rituel des trois bougies, de couleurs distinctes, qui doivent être successivement allumées soit par le père de famille, soit par l'enfant ainé de la maison. On commence par allumer une bougie rouge, qui représente l'esprit des ancêtres, des morts qui nous ont précédés sur cette terre. Ensuite, une bougie bleue - ou blanche - symbolisant les parents ou amis absents, qui pour une raison ou l'autre ne peuvent pas être présents lors du réveillon. Et enfin, une bougie verte qui symbolise les enfants à naître. Ces trois bougies sont souvent disposées sur un support de bois représentant une barque solaire, ou sur une bûche, elle-même liée à la symbolique lumineuse et emblématique de la fête.

Hans Cany

Un Père Noël... pas très catholique

 


La figure mythique du Père Noël, si chère à l'imaginaire enfantin, est en réalité issue d'un subtil mélange entre deux personnages mythologiques : le dieu germano-nordique Wotan/Odin, et le Saint Nicolas chrétien, lui-même constituant une figure pourvoyeuse d'origine païenne. Il y a d'ailleurs plus ou moins confusion ou assimilation, chez les Anglo-Saxons, entre Saint Nicolas et le Père Noël, ce dernier étant souvent désigné sous le nom de Santa Claus (littéralement… Saint Nicolas !). On le comprendra donc sans peine : Saint Nicolas, et à travers lui le Père Noël,  ne sont autres que des travestissements de Wotan/Odin. Le premier étant né d'une initiative de récupération chrétienne, et le second étant une réinterprétation séculière de celui-ci.

Hans Cany

dimanche 19 décembre 2021

Noël : Pourquoi le 25 décembre ?

Comment se fait-il que l'Eglise chrétienne ait finalement fixé Noël au 25 décembre, et non au 21, date théorique du solstice d'hiver ? 

Explications :

"Comme chacun le sait, ou devrait le savoir, les Évangiles (qu’ils soient canoniques ou apocryphes) sont totalement muets sur la date de naissance de celui que ses contemporains appelaient Ieschoua ben Miriam, et que nous connaissons sous le nom de Jésus. Vers 245, Origène déclarera d’ailleurs « inconvenant » qu’on s’occupe d’une telle question. Ce n’est en fait qu’à partir du IIe ou du IIIe siècle que l’on se mit en devoir de fixer une date pour la naissance de Jésus. On produisit alors des affirmations totalement contradictoires. Le De Pascha Computus, longtemps attribué à Cyprien de Carthage, se prononça pour le 28 mars, tandis que les communautés chrétiennes d’Orient en tenaient pour le 6 janvier, date correspondant chez les Grecs à l’Épiphanie de Dionysos. En Occident, la date du 25 décembre s’est probablement imposée pour contrecarrer l’influence du culte de Mithra, dont on célébrait ce jour-là la renaissance annuelle, peu après les Saturnales romaines. C’était également le jour où, sous l’Empire, on commémorait la fête de Sol Invictus, le « Soleil invaincu ». La première mention latine du 25 décembre comme fête de la Nativité remonte à l’an 354, la célébration proprement dite semblant avoir été instituée sous Honorius, qui régna en Occident de 395 à 423. Noël ne deviendra toutefois une fête d’obligation qu’au concile d’Agde, en 506. Justinien, en 529, en fit un jour férié."

Alain de Benoist




mardi 26 octobre 2021

La "citrouille" d'Halloween : une invention américaine ?

En Europe, en des temps fort reculés, on sculptait déjà des lanternes plus ou moins anthropomorphes dans des navets, des betteraves et diverses variétés de courges. Cette tradition ne se limite donc pas au monde anglo-saxon, puisqu'elle est bel et bien présente de très longue date sur le continent. Au XIXe siècle et même au moins jusqu'au début du XXe, il s'agissait d'une pratique encore courante dans les campagne de certaines régions françaises.

A titre d'exemple - mais entre autres, ainsi que le rapporte l'auteur lorrain Jean-Paul Ronecker dans son excellent B.A.-BA Halloween (éditions Pardès, 2000) :

Dans la région de Metz, en Meuse et dans les Ardennes, [les jeunes gens] évidaient une grosse betterave, et faisaient trois trous figurant les orbites et la fosse nasale, auxquels s'ajoutait une large entaille pour la bouche de cette "tête de mort". Afin de rendre l'illusion plus frappante, ils mettaient une chandelle allumée à l'intérieur.

Et plus loin il ajoute :

Ces traditions des têtes lumineuses proviennent très certainement de Samhain et de son équivalent germanique.

Comme on le voit, et n'en déplaise aux détracteurs de "la citrouille", la coutume tire aussi son origine bien de chez nous !

Quant à la citrouille proprement dite et au potiron, ce ne sont jamais que des variétés américaines de courges, rapportées d'Amérique du Sud en Europe au XVIème siècle par les Portugais. Il y a donc fort à parier que l'on confectionnait déjà ce type de lampions avec des citrouilles et autres potirons en Irlande et en Grande-Bretagne dès le XVIIIème - voire XVIIème - siècle. Cette tradition n'a été exportée vers l'Amérique du nord qu'à partir du milieu du XIXème siècle par les migrants originaires des îles britanniques, tout particulièrement irlandais, gallois et écossais. C'est donc en refranchissant l'Atlantique, mais cette fois en sens inverse, que la lanterne traditionnelle, accommodée aux usages locaux, nous revient aujourd'hui en Europe.

Hans CANY


Photos ci-dessous : lanternes creusées respectivement dans un navet, une betterave,  et des potirons, comme on le fait depuis bien longtemps en Europe.





samedi 23 octobre 2021

Fin de cycle : Tout comme le jour naît de la nuit, c'est de la mort que renaîtra la vie

 On me dit pessimiste. Mais je pourrais faire à ceux qui portent ce jugement la réponse d’Oswald Spengler : 

 « Seuls ceux qui sont d’hier me traitent de pessimiste. »

L’un des éléments de l’amitié sans nuages qui nous a unis, Saint-Loup et moi-même, est notre absence commune d’illusions sur les potentialités du présent et notre non moins commune foi en la victoire finale des lois de la nature et de la vie sur les bulles creuses des idéologies à la mode. Mais être sans illusions sur les potentialités du présent ne consiste pas seulement à voir les forces de dissolution à l’oeuvre et la croissante veulerie de leurs victimes, c’est aussi comprendre la nécessité du processus mortel, c’est aller jusqu’au bout dans l’acceptation de l’inévitable, c’est en tirer les conséquences de l’action : la préparation de notre résurgence au-delà de la liquidation méritée d’un monde volontairement aveugle et installé dans la superficialité, le mensonge et la capitulation.

Robert Dun
Rencontres avec Saint-Loup


dimanche 3 octobre 2021

CELTES ET GERMAINS [par Stephen McNallen]

 Retour sur de nombreuses analogies soulignant
une évidente parenté 
ethno-culturelle.


Le chef du clan se leva parmi ses guerriers assis dans la grande salle enfumée. Les bruits et les conversations s'arrêtèrent, et tous les yeux se tournèrent vers ce colosse moustachu qui était leur leader. Élevant sa corne remplie d'hydromel au dessus de la cohue, il porta un toast au Grand Dieu, celui qui possède une lance et qui est accompagné par deux corbeaux. Tous clamèrent leur approbation, et un autre guerrier se mit debout, éleva sa corne et loua le nom du Dieu Tonnant. Les autres l'imitèrent, et dans la chaleur de leur camaraderie, ils auraient bien pu être dans la grande salle où vont les guerriers après leur mort, et où les vierges guerrières leur servent le festin d'immortalité.

Une scène tirée de l'histoire des Vikings ?
Une beuverie typiquement germanique ?
Non. La scène décrite ici est celle d'un festin chez leurs cousins : les Celtes.



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Comme pour la plupart d'entre nous, il n'y avait pour moi rien de nouveau dans le fait que les deux principaux groupes ethniques de l'ancienne Europe du Nord avaient beaucoup en commun. Tous deux font partie de la grande famille des Indo-européens. Leurs mythologies partagent une structure commune, les aspects matériels de leurs cultures sont très proches, et une même conception héroïque de la vie unit les Celtes et les Germains. Mais cela, comme nous allons le voir, n'est que le début !

La distinction que nous faisons aujourd'hui entre ces deux branches de nos ancêtres provient en grande partie des observations de Jules César. En résumé, il donne le nom de Germains aux tribus qui sont sur la rive droite du Rhin, et il nomme Celtes celles qui se trouvent sur l'autre rive. En fait, à l'époque, ce n'était pas aussi simple. Aujourd'hui les spécialistes pensent que quelques tribus que nous avons autrefois appelées Germains, étaient en réalité des Celtes. D'autres tribus auraient pu appartenir à l'un ou l'autre des deux groupes, parce que nous ne savons pas quelle langue elles parlaient !
La conclusion que nous pouvons en tirer, est que les traces matérielles que ces peuples ont laissées sont difficilement définissables, et que la langue est la seule différence marquée entre les deux groupes.

Leur apparence physique n'est pas un critère de différenciation, parce que les auteurs romains décrivent les peuples Germains et Celtes exactement selon les mêmes termes. Tous deux étaient de grande taille, les cheveux tendant vers le blond, et de peau très claire.
Le mot «Teuton», à cet égard, est à rapprocher du mot celtique «Tuath», signifiant tribu; ce qui fait penser à une parenté proche !

Pour moi, la question fut réglée lorsque je lus le livre de Hilda Davidson Mythes et symboles dans l'Europe païenne (Syracuse University Press, 1988). De manière significative, le livre est sous-titré «anciennes religions Scandinave et Celtique». Page après page et chapitre après chapitre, l'auteur présente les similarités entre la mythologie, le folklore et les rituels des peuples germanique et celtique. Je commençai à en faire une liste tout en lisant, et rapidement je remplis plusieurs pages de notes manuscrites. Je n'en garantis pas la minutie, mais quelques comparaisons méritent d'être faites. Pour rendre plus accessible cette masse de matériel, j'ai classé mes commentaires en plusieurs grandes catégories :


DIEUX ET DÉESSES

Le dieu celtique Lug et notre Odhinn sont à peu près semblables. Odhinn est le père des dieux, est accompagné par deux corbeaux, possède une lance magique, et il est borgne. Lug est le dieu souverain dans la famille des dieux celtiques, il est associé aux corbeaux, possède la Lance de la Victoire, et il ferme un oeil lorsqu'il accomplit des actions magiques sur le champ de bataille.

Le dieu germanique Thor, dont le nom signifie «le Tonnant», possède un puissant marteau. Il chevauche dans les cieux, riant dans sa barbe rousse, dans un chariot tiré par des boucs surnaturels. Le Taranis celtique, dont le nom signifie également «le Tonnant», conduit un chariot tiré par des taureaux. Il contrôle la foudre, dont le nom en vieux gaélique dérive de la même racine indo-européenne que le nom du marteau de Thor, Mjöllnir. Taranis est aussi représenté avec une abondante chevelure rousse flottante.

Tyr, comme le racontent les mythes, perdit une main par la morsure du loup Fenrir. Il fut le dieu des cieux, disent les spécialistes, jusqu'à ce que Odhinn prenne sa place. Le dieu celtique Nuada perdit un bras dans la bataille contre les géants Fomoré, et ainsi Lug -- l'équivalent celtique d'Odhinn -- devint le dieu le plus important.

Dans le domaine de la fertilité et de l'abondance, notre dieu Frey apparaît comme le plus important. Un de ses animaux favoris est le cheval, qui est aussi sacré pour le Dagda, le «dieu bienfaisant», qui est l'équivalent celtique de Frey.


AUTRES ÊTRES SURNATURELS

Les géants ? Les Celtes ont les leurs, tout comme les Scandinaves. Ils se nomment les Fomoré, et les dieux celtiques doivent mener une dure bataille contre eux. Plus précisément, le rôle qu'ils jouent est le même que chez les nordiques : ils représentent les forces d'inertie et d'entropie dans le cosmos.

Les Valkyries trouvent leur équivalent dans la déesse Morrigan, féroce déesse qui accorde la victoire sur le champ de bataille, tisse les destins dans la guerre, et sert les héros dans leur vie après la mort. Ces deux aspects jumelés -- le sang et la mort d'une part, l'amour d'autre part -- sont présents dans les deux cultures. De même, les récits celtiques et les sagas scandinaves parlent de femmes guerrières surnaturelles qui instruisent et initient les héros choisis par le destin. Brünhild (Brunehilde) enseigne à Sigurd (Siegfried) la connaissance magique, et la guerrière Scathach («l'ombre») prend en charge le héros irlandais Cûchulain et en fait le guerrier qu'il est destiné à devenir. Ce n'est probablement pas un hasard si Sigurd et Cûchulain sont liés à Odhinn et à Lug, respectivement.

Considérons maintenant les êtres surnaturels moins importants, dont les figures se rencontrent plus rarement dans les mythes et la poésie, mais qui rendent la vie plus supportable aux hommes. Les esprits de la nature, par exemple, sont semblables dans les deux cultures. Les Elfes, et le lien entre ces êtres et les âmes des ancêtres, étaient à peu près les mêmes chez les anciens Germains et leurs contemporains Celtes.


PRATIQUES RELIGIEUSES

J'ai évoqué la ressemblance entre les « paradis des guerriers » dans la scène au début de cet article, mais la ressemblance entre les religions des Celtes et des Germains va bien au-delà.

Les marais de l'Europe du Nord ont reçu les mêmes offrandes des Celtes et des Germains. Armes capturées dans les combats, nourriture et gobelets, et divers objets -- tout cela était déposé dans les lacs et les marais de la même manière, au point qu'aujourd'hui nous ne pouvons même pas dire quels objets découverts sont d'origine germanique et lesquels sont celtiques.

Lorsque les Druides offraient un sacrifice aux dieux, le sang d'un animal était projeté sur l'assistance avec un rameau de verdure, pour que l'énergie divine présente dans le sang puisse être directement transférée aux gens. Dans la religion germanique, nos ancêtres faisaient exactement la même chose pendant le sacrifice, le « Blot ». (Aujourd'hui, les pratiquants des deux religions utilisent de l'hydromel ou quelqu'autre boisson fermentée.)

Dans toute l'étendue de notre patrie européenne, nos ancêtres honoraient les dieux en plein air, parce qu'ils pensaient qu'il était insensé de les enfermer dans des lieux fermés, comme (plus tard) les églises chrétiennes. De la même manière, dans les temps anciens, nos représentations des dieux et des déesses étaient très simples -- souvent gravées sur des morceaux de bois auxquels la Nature avait déjà donné une forme étrange, attendant seulement quelques raffinements de la main des hommes.

Toutes ces coutumes décrivent aussi bien les pratiques des Celtes que celles des Germains.

Les hommes des deux groupes ethniques utilisaient des boissons fermentées dans les rituels religieux. Souvent c'était de l'hydromel, mais ce pouvait être aussi de la bière. Et puisque nous nous intéressons à la modification des états de la conscience, rappelons-nous la folie furieuse des guerriers d'Odhinn, les «Bersekers». Dans l'ancienne Irlande, cette folie des guerriers (les «Fianna») portait le nom de «Ferg».

Les lecteurs des récits nordiques se rappelleront comment Sigurd tua le dragon Fafnir et fit rôtir son coeur. Lorsqu'il se brûla le doigt, il le porta à sa bouche et constata qu'il pouvait comprendre la langue des oiseaux. Le héros irlandais Fergus obtint le même pouvoir lorsqu'il se brûla le doigt en faisant cuire un saumon au-dessus d'un feu. [On peut aussi noter la similarité entre le récit germanique des «pommes d'Idunn» et le thème celtique des pommes de l'île d'Avalon, NDT.]


LA VISION DE L'UNIVERS

Lorsque nous regardons la cosmogonie des Germains et celle des Celtes, nous ne pouvons pas trouver d'équivalence directe, mais nous pouvons voir une ressemblance. Tous deux avaient l'arbre géant, le centre du Cosmos, la structure dans laquelle tous les mondes sont contenus. Chez les nordiques, c'était Yggdrasil. Les Celtes l'appelaient Bile. [Cf. aussi et surtout «l'If de Mugna», NDT].

L'autre clé de l'univers chez les anciens nordiques était le Puits du Destin («Well of Wyrd»), contenant les actions qui constituent le passé. Boire l'eau de ce puits donnait la sagesse, et Odhinn sacrifia un de ses yeux pour obtenir ce privilège. Comme l'on sait, les Celtes avaient un puits presque identique : des noisettes tombaient à l'intérieur et étaient avalées par le Saumon de la Sagesse.


EN CONCLUSION

Les seules vraies différences entre les religions germanique et celtique semblent être les noms donnés aux dieux.
Un Viking du 10ème siècle se serait senti assez à l'aise dans un rituel celtique en Gaule un millier d'années plus tôt.
La religion celtique s'écarte de la religion nordique guère plus que par exemple, une prêtresse de Freya en Islande et un guerrier invoquant Wotan dans la Germanie du temps d'Arminius. En effet, on a envie de dire qu'il existe seulement une seule «religion européenne», et que les croyances germaniques et celtiques en sont deux expressions.

Ainsi quelles sont les implications de tout cela ? Eh bien, cela signifie que de nos jours, un Irlandais n'a pas de raison de se sentir mal à l'aise lorsqu'il invoque des dieux plus souvent associés aux fjords norvégiens qu'aux collines et aux vallées des Iles d'Emeraude. En fait, tous les peuples du Nord sont apparentés aussi bien spirituellement que génétiquement.

Aussi l'unité celto-germanique s'oppose à la thèse parfois entendue que depuis que les européens sont partagés entre des nations différentes, nous aurions des ancêtres différents. Combien de fois avons nous entendu quelqu'un dire «je suis de sang irlandais et suédois, avec un peu de sang anglais et germain» ? En réalité il n'y a là aucun mélange, parce que les peuples de la famille nordique ne forment en fait qu'un seul peuple, à la fois par leur aspect physique et par leurs anciennes religions.

Nous ne devons pas laisser les gens se diviser pour des raisons superficielles !

Enfin, la gamme de nos similarités signifie que nous pouvons en utiliser une pour approfondir notre connaissance des autres. Si nous essayons de reconstituer la tapisserie de nos anciennes croyances nordiques, il y aura des «trous» à cause du passage du temps et des persécutions chrétiennes. Mais si nous en connaissons le fond commun, et de quelle manière il est exprimé chez nos cousins Celtes, nous pouvons alors rapiécer les trous avec une grande confiance.

Assez pour aujourd'hui ! Toutes ces savantes démonstrations m'ont donné soif ! Je vais remplir ma corne avec une bonne rasade de Guiness, et porter un toast à nos ancêtres Celtes et Nordiques.
«Skoal», et «Slainte» !


Stephen McNallen


(Stephen McNallen a fondé l' Assemblée populaire Asatru (AFA), qu'il a dirigé de 1994 à 2016, après avoir été le fondateur de la Fraternité Viking et de l'Assemblée libre Asatru.)